samedi 10 septembre 2011

Mission Haïti - Billet N°8


La maison-vie est très calme en ce samedi. La plus grande partie de l’équipe expatriée est allée passer deux jours à Jacmel, jolie ville portuaire sur la mer des Antilles, à deux heures au sud de Port au Prince. Je profiterai de ce calme pour effectuer la passation à Enzo, l'Italien de la mission et coordinateur logistique, de tous les documents de procédure de suivi des constructions. C’est lui qui assurera désormais, de par sa fonction, la supervision des chantiers.

DARLEINE, MON COLLABORATEUR
Il aura avec lui Darleine, son assistant local et surtout Pierre-André, l’Ingénieur-Architecte que j’aurai sélectionné après une consultation en bonne et due forme.

A propos de constructions, nous sommes passés une nouvelle fois devant le Palais présidentiel et la cathédrale Notre Dame de l’Assomption. Ces ouvrages majestueux considérés comme des plus beaux de la Caraïbe ne sont plus aujourd’hui que des ruines impressionnantes. 


LE PALAIS PRÉSIDENTIEL EN RUINES
Aucune protection autour de la cathédrale au risque permanent de nouveaux effondrements. Dans ces décombres circule librement une population abandonnée.
Ici, une vie ne vaut pas une autre vie. 

LA CATHÉDRALE  STE MARIE EN RUINES
A notre descente de voiture, nous sommes assaillis par des femmes miséreuses, portant des bébés rachitiques dans leurs bras. Par des personnes âgées infirmes ou malades. Tous réclament quelque argent. Nous sommes dans une véritable Cour des Miracles, telle que Paris en connaissait au Moyen-âge. Hallucinant !
Vous me pardonnerez de ne pas vous en livrer des images. Mais sortir mon appareil photo dans une telle situation m'a été impossible.

Sur les hauteurs de Petionville, des résidences somptueuses dominent les bas-quartiers. Portail blindé donnant sur la rue, les hauts murs d’enceinte couronnés de rouleaux de barbelés militaires.
Ici, les riches se protègent des pauvres. Ils ne veulent pas les voir. Ils les ignorent. 


Ils sortent de leurs « ghettos » à bord des derniers modèles de voitures de luxe à vitres fumées et avec chauffeur, pour se rendre directement à la banque internationale ou à l’aéroport. 


La rupture sociale est consommée. Elle l’est hélas pour longtemps, pour très longtemps. Comment ce pays pourra-t-il s’en relever ?


Pendant ce temps, les politiques poursuivent leur guéguerre stupide. Tous se réclament de la constitution et en contestent aux autres l’interprétation.
Ce soir, presque sous nos fenêtres et au moment où j’écris ce billet, des tirs claquent dans la nuit. Probablement des règlements de compte. Il y a régulièrement un mort par semaine dans notre quartier. 


Ce n’est pourtant pas une zone déclarée de non-droit. Ici, une vie ne vaut vraiment pas une autre vie.
AVEC JACQUELINE, NOTRE CUISINIÈRE. NOUS NOUS REGRETTERONS...
Pour moi, la mission se termine. Elle aura été forte. Je la quitte avec le sentiment toujours inconfortable, partagé entre l’envie de rentrer et la nostalgie de partir. 

Ce billet haïtien sera donc le dernier, jusqu’à de nouvelles aventures humanitaires, si je m’en sens encore le courage et l’énergie.
Je vous suis reconnaissant de votre fidèle attention. 

De m’avoir permis des échanges d’une densité qu’il ne nous serait pas possible certainement d’atteindre en face à face. Je vous retrouverai tous avec bonheur au pays. 
Et peut-être que dans nos regards brillera désormais une nouvelle lumière.
Bon, li lè pou m ale. Babay
(Bon, il est temps que j’y aille. Au revoir)

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