samedi 9 juillet 2011

Mission Haïti - Billet N°2

La moiteur est extrême sur Port au Prince. L’orage gronde. Une très forte averse vient de s’abattre sur la ville. Nous entrons, m’a-t-on dit, dans la période la plus chaude de l’année. Avec les plus de 30° actuels, ça promet !

Je transpire fort. Heureusement les nombreux ventilateurs rendent l’ambiance plus confortable dans nos chambres et dans nos bureaux. La distribution de l’électricité est ici régulière. J’ai connu d’autres missions où nous devions nous contenter de deux à trois heures d’électricité par jour avec des longues soirées à la bougie.


Côté boulot, je prends peu à peu la main sur mon programme. Il sera fait de deux réalisations principales : la construction d’une clinique en remplacement d’un bâtiment provisoire en bois et plastique, construit lors de la phase de première urgence. Nous nous acheminons vers un ensemble de quatre bâtiments en bois, disposés en forme de U, posés sur des plateformes en béton, avec un grand espace d’attente au milieu du U. Je souhaiterai recouvrir cet espace de palmes de latanier (palmier), bien plus confortable que la tôle.


J’ai fait sourire les Haïtiens lorsque je leur ai proposé cette option. Ce synonyme du passé ne leur va pas. « Leur modernité » passe par l’utilisation du béton et de la tôle métallique !! Ce standard est répandu dans tous les pays pauvres. 

Les constructeurs « populaires » utilisent mal le béton armé dont on ne leur a jamais expliqué le fonctionnement. Ils créent des conditions épouvantables de chaleur sous des couvertures de tôles médiocres fabriquées en Chine. Mais ils sont convaincus d’être sur le chemin de la modernité. Impact désastreux de l’image du monde occidental ! Alors moi, avec mes toitures de palmes !!!

Le deuxième chantier sera la réhabilitation d’un bâtiment à ossature en béton armé, quelque peu maltraité par le séisme de janvier 2010. Mais la dégradation principale vient des aléas de construction, avec des bétons de mauvaise qualité qui se sont déstructurés et des armatures qui se sont gravement oxydées.


Je travaillerai avec une autre organisation française : Architectes de l’Urgence. Cette organisation mobilise des archis, vous l’aurez compris, mais aussi des ingénieurs et si possibles d’autre spécialités de constructeurs. Leur recrutement est difficile. Les candidats à l’expatriation sont des jeunes, juniors-nouveaux-diplômés. Ils souhaitent vivre une « aventure » humanitaire avant de s’engager dans leur vie professionnelle, trouver un emploi solide ou créer ensuite, leur agence. C’est d’ailleurs ce qu’on leur aura vivement conseillé !
Hélas, sur un plan professionnel, il leur manque déjà de l’expérience en milieu « normal ».
L’aventure sera donc pour certains très compliquée à vivre en milieu inconnu.
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La pluie s’abat toujours sur Port au Prince et les multiples décharges sauvages qui encombrent rues et trottoirs. Une odeur acre se répand, de la nature de celle qui vous percute les narines lorsque vous ouvrez une poubelle dans laquelle la fermentation est avancée.


C’est ainsi. Combien d’années (ou de siècles) faudra t-il à ce pays pour créer pour tous les conditions d’une vie…acceptable ? 

Bien audacieux serait qui saurait le dire.
Nous en sommes loin, si loin, si loin…
Mwen la ! M ap boule ! Babay !

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