samedi 16 juillet 2011

Mission Haïti - Billet N°3


Alerte Rouge sur Haïti. La tempête tropicale aux doux non d’Emily rode dans le secteur. Pour le Gouvernement provisoire, pas question de prendre des risques, un plan d’évacuation des zones en danger est prévue. 300 000 personnes sont concernées alors que …30 000 places sont, annonce-t-on, disponibles.

Déplacer les réfugiés, mais pour les mettre où, sachant que tempête doit balayer tout le pays ? Si elle n’était pas dramatique, la situation aurait de qui faire sourire. En fait Emily aura rapidement perdu de sa violence et n’aura causé que peu d’ennuis.
Cette alerte nous aura imposé le calfeutrement de toutes les baies. La lumière artificielle en permanence et sans ventilation naturelle, les salles étaient suffocantes, les ventilateurs brassant un air qui ne se renouvelait pas.

Côté boulot, cette situation nous aura fait perdre deux jours. Une série de rencontres est donc déjà programmée pour la semaine prochaine. Il nous faut rapidement faire valider notre projet de clinique par le MSPP (Ministère de la Santé et de la Population) : situation et organisation des différentes salles, superficies adéquates, etc. Rendez-vous donc au service du Ministère lundi matin. Différemment de chez nous, il est plus facile d’accéder à de tels services dans des pays au développement peu avancé, surtout lorsque que l’on est d’une Organisation Internationale. En principe tout est fait pour vous faciliter les choses. Hélas, ce n’est pas toujours vrai. Cette validation acquise, il nous faudra ensuite boucler le dossier d’Autorisation de Construction (notre Permis de Construire) et le déposer au bureau départemental.

La démarche complexe devra être alors engagée : dossier de consultation des entreprises, publication de l’Appel d’Offre, sélection des entreprises, etc, etc…
Dans un pays où l’une des caractéristiques principale est la lenteur, nous ne sommes pas encore sortis des ronces !

Comme dans toutes les capitales, voisinent ici le plus pauvre et le plus somptueux : hôtels et restaurants de luxe, saunas, complexes sportifs. Seuls y ont accès les plus riches, bien sur, et surtout l’énorme population d’internationaux venus de l’ONU et de ses très nombreuses agences, des forces militaires internationales, des ONG, etc.
La conséquence directe est l’explosion de la prostitution. Les jeunes haïtiennes sont très belles avec une cambrure exceptionnelle de leur corps (le port régulier de charges parfois impressionnantes sur leur tête ne doit pas y être étranger). Elles ont une sensualité naturelle très affirmée. Alors, lorsque l’on est de famille pauvre et habitant dans un village perdu, la tentation de la capitale où se déversent tant et tant de dollars, est grande.

La prostitution explose donc. Est-elle organisée ? Difficile à percevoir. La prostitution des mineurs, filles et garçons, est en fort développement. On parle aussi de prostitution dans le Fonction Publique dans laquelle les salaires sont très bas et souvent même pas payés.
Les expatriés de toute espèce se retrouvent donc régulièrement dans ces lieux construits pour eux. Pratique moutonnière, encore une. Il nous est arrivé dernièrement de parcourir deux heures de routes minables pour nous retrouver au sein d’une colonie d’expatriés dans un complexe hôtelier tenu …par un Corse (mais que fait-il donc là?) au fond d’une crique perdue.



C’est l’aspect que je regrette des missions. Je m’y associe avec un nécessaire esprit de solidarité avec les équipes sur place.

Lorsque votre choix de vie vous conduit loin de vos racines, (il y a des expats qui enchaînent mission sur mission) il est probable que le retour vers ses semblables devienne un impératif naturel.
Mwen la. Babay !

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