samedi 13 août 2011

MISSION HAÏTI BILLET N°7

Mardi, 09H15, le petit bimoteur de Tortug’air me dépose sur le minuscule aéroport de Jérémie. Ici, c’est « La cité des poètes » qui vous accueille. J’en comprendrai plus tard le sens, lorsque je découvrirai cette ville paisible du département de Grande Anse tout à l’extrémité ouest de l’ile, à une heure d’avion de Port au Prince.
L’ambiance ici est toute autre qu’à la capitale. Nulle tension auprès d’une population qui vit paisiblement à son rythme quotidien. Nos déplacements en ville peuvent se faire à pied sans le moindre problème. Après cinq jours de travail intense, j’espère dimanche aller découvrir de plus près l’église rouge, la cathédrale en éternelle construction et la place centrale « Alexandre Dumas ».
VILLE DE JEREMIE : STÈLE EN HOMMAGE "AUX"DUMAS

J’ai découvert en effet qu’est né à Jérémie le père de l’auteur des Trois Mousquetaires Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie, premier général aux origines afro-antillaises de Napoléon 1er sous le nom de sa mère : le général Dumas. Les Haïtiens de Jérémie cultivent la solitude tranquille de leur ville. Et c’est sans étonnement que l’on apprend que les plus grands écrivains haïtiens sont les enfants du pays. 

Une ville comme Jérémie incite à la poésie et à l’écriture. Tout aurait continué à aller normalement sans le retour funeste du choléra en octobre 2010. Le choléra est une maladie contagieuse qui peut entraîner la mort en quelques heures. En effet, après avoir eu de violentes diarrhées (pardon, mais c’est ainsi), la victime peut mourir de déshydratation si elle n’est pas rapidement prise en charge. 
Cette maladie est liée à une absence d’hygiène et à une mauvaise qualité de l’eau.Le pire pour les haïtiens, est que choléra avait totalement disparu de l’ile. 
Et puis voilà : l’origine de l’épidémie a été identifiée dans un campement des soldats Casques Bleus népalais. 
Les batailles d’experts se succèdent pour tenter de cacher au grand public cet aspect désastreux de l’intervention onusienne en Haïti. 

La question se révèle pourtant révélatrice des enjeux géopolitiques et des interrogations fondamentales sur les interventions internationales conduites par l’ONU et le droit à la dignité des populations concernées.



L'Unité de Traitement du Choléra des ABRICOTS (VILLAGE)

Responsable de l’importation d’un tel fléau, comment la communauté internationale peut-t-elle convaincre les haïtiens de l’aspect positif de son intervention ? 
Décidément, la malédiction s’abat continuellement sur ce pauvre pays.

L'UTC DES ABRICOTS (VILLAGE)
L’Unité de Traitement du Choléra (UTC) la plus éloignée est à deux heures de route de Jérémie, sur la commune qui porte le nom délicieux d’Abricot (au passage nous aurons traversé le village de Bonbon !).

Nous nous y rendons par une impossible route de montagne, secoués, ballottés dans la land-cruiser MDM où nous nous sommes entassés à huit personnes, entre les caisses de médicaments et les bidons d’eau potable.
A l’arrivée, la vue est magnifique sur la Grande Anse et son front de mer. 


Pour rejoindre l’UTC, installé bien entendu à l’écart du village, nous empruntons un radeau vétuste, traversant une rivière par traction humaine. Puis, nos cartons sur nos bras ou sur nos têtes, nous rejoignons par une piste boueuse le petit centre situé sur un coteau.

 Dans un bâtiment vétuste entouré de tentes, deux infirmières veillent à tour de rôle sur une dizaine de patients alités.

C’est aujourd’hui une dure réalité, un nouveau pic de choléra est engagé dans ce territoire autrefois paisible d’Haïti.
Babay !

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