mercredi 22 juillet 2015

ALERTE, RECHERCHE VOISINS !

Nos communautés rurales, nous le vivons, sont en mutation profonde. Cette mutation, déjà sensible depuis une quinzaine d’années, s'accélère considérablement aujourd'hui avec l’arrivée d’une population nouvelle, venue pour une grande partie d’une aire géographique parfois très éloignée.
Les locaux de souche sont particulièrement touchés par ce phénomène sociétal. Ils ont partagé la vie de toutes les générations des familles anciennes. Ils étaient comme chez eux dans la maison familiale de leurs voisins.
Les voisins, c'étaient "leur famille", davantage même. Ne disait-on pas couramment : "on a davantage besoin des voisins que des parents" .

C'était l'époque de la solidarité et de l'entraide indispensable dans le milieu rural encore peu mécanisé. C'était l'époque du travail avec les animaux domestiques, de l'eau au puits, de la lessive en commun au lavoir public, du pain cuit chaque semaine dans le four communautaire...

Les familles anciennes ont disparu peu à peu de leur lieu de vie ancestral. La maison familiale est vendue. "La Maison", le lieu ou reposait l'âme de la famille. Celle dont la séparation était considérée comme impossible tellement l'esprit des ancêtres l'avait imprégnée.
Le sol était inséparable du sang et tous le vivaient ainsi.

PROTEGER "LA MAISON"

Avant l'introduction du Code Civil, les règles d'héritage étaient régies par des coutumes spécifiques à chaque village, parfois même à certaines communautés. Ces règles étaient construites de telle manière que le Patrimoine familial était protégé.

Certes, tout n'était aussi simple à régler sur ce point. Si l'aîné, garçon ou fille, héritait du patrimoine familial et maintenait ainsi "la Maison", les cadets étaient régulièrement lésés. Certains même ne voyaient leur avenir que comme "domestique" du frère ainé. Sans héritage, ou si peu, ils étaient régulièrement condamnés au célibat.

LA NOUVELLE SOCIÉTÉ

L'accès équitable de tous à l'héritage a causé une rupture définitive avec les règles ancestrales. Si l'aîné souhaite garder "la Maison" il se doit de verser la part d'héritage qui revient à la fratrie. Dans l'évolution économique actuelle, cela est devenu de moins en moins possible, même pour les strates sociales supérieure dans laquelle se situent "les possédants".

De plus, l'escalade spectaculaire des prix de l'immobilier a attribué une telle valeur financière à "La Maison", qu'elle a mis à mal toute sa valeur sentimentale. Il en a été également ainsi pour les terres agricoles, surclassées en terrains constructibles.
La tentation du plus grand profit a eu raison de l'attachement émotionnel au patrimoine familial et à ce qui en constitue le cœur : "La Maison".

DE SIMPLES PROPRIÉTAIRES...

Vide des générations qui en transmettaient ancestralement la vie, la maison est déclassée au rang de simple objet, désormais sans âme.

l'inquiétant panneau "A Vendre" succédera le redoutable   panneau "Vendu par...". Triomphe affiché d'une agence immobilière.

Les nouveaux propriétaires ne seront plus que cela : de simples propriétaires, indifférents à une histoire qui leur est étrangère.
La maison sera alors vidée, puis cassée de fond en comble. Des montagnes de gravats occuperont quelques temps la cour, que l'on appelait "basse" quand y naviguaient poules et poussins sous les yeux de l'aïeul assis devant sa porte.

Le caractère particulier de "la Maison de Pays" disparaîtra peu à peu sous les coups de butoir de la standardisation. L'authenticité architecturale sombrera même dans la caricature.

... ET AUSSI DES VOISINS ?

Ce que subit la maison s'imposera aussi au quartier. Élevés et grandis dans la sécurité d'un voisinage "de famille", il est désormais nécessaire pour "les locaux de souche" de se conformer à une nouvelle forme de vie dans laquelle s'introduit la loi de l'indifférence.


L'indifférence, mobilisatrice de l'inconnaissance et des peurs qui y sont associées. Ces peurs qui nous environnent désormais paralysent nos énergies et nous poussent à devenir des étrangers... à nous-mêmes.

DES VOISINS, MAIS QUELS VOISINS ?

Tout est donc à reconstruire dans le tissus social mis désormais en lambeaux.
Sur quels socles nouveaux cette reconstruction se fera-t-elle ?
Sur quelles valeurs qui pourraient être communes à des personnes d'origine si différentes?
Et surtout, qui en prendra l'initiative ? Les locaux de souche? Les nouveaux arrivés?
Il est possible hélas que ce ne soit personne.

Un proverbe d'origine arabe dit : "Avant d'acheter la maison, n'oublie pas d'acheter le voisin".

Cette sage expression met la balle dans le camp du nouveau venu. 
Les règles du savoir-vivre occidental sont également établies ainsi. Le dernier arrivé a toujours la responsabilité du salut.
Dans un groupe organisé, nous nous étonnerions si l'un ou l'autre ne le pratiquait pas ainsi.

Cette règle exonère-t-elle pour autant "l'ancêtre local" de toute démarche d'accueil?

A suivre...


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