vendredi 15 septembre 2017

INSTRUIRE OU ÉDUQUER : L'ÉTERNELLE QUESTION !


Une nouvelle rentrée scolaire repose une sempiternelle fois la question ambiguë et souvent brûlante du rôle précis de l'École dans notre société.
La quasi-totalité des éditoriaux consacrent actuellement leur contenu, tout naturellement, à ce thème. Cette avalanche de points de vue souvent éloignés les uns des autres, parfois même contradictoires, continue à troubler l'idée que tente de se faire "le citoyen de base" sur le rôle de l'École dans la société.
Mais, qu'en pense-t-il lui-même, très éloigné des pôles de décision et en général victime de mesures dont il ne comprendra jamais le sens. À un moment de notre histoire ou les modifications incessantes et souvent insensées des programmes font chuter le niveau général des élèves, il est difficile de na pas enrager sur les décisions prises par les ministres successifs de l'ère Hollande. 
Ces décisions semblent avoir été davantage portées par des idéologies "de chapelle", des promesses de campagne ou l'intention délinquante de laisser un nom dans l'Histoire. Exit l'intérêt qui devrait être principal : celui des apprenants et en particulier celui des plus jeunes générations.

LES TEMPS D'ACTIVITÉS PÉRISCOLAIRES : DES COMPÉTENCES TRANSVERSALES
"Pour évacuer leurs problèmes, qu'ils soient familiaux ou scolaires (!!), les écoliers doivent pouvoir bénéficier, chaque jour, d'un temps périscolaire, une respiration quotidienne pour libérer leur créativité, révéler à eux-mêmes et aux autres leur potentiel".
Ainsi était défini l'objectif des fameux TAP qui ont tant causés de problèmes d'organisation "autour de l'école, tout en gardant un lien avec celle-ci" !

Le casse-tête des TAP
De nombreuses collectivités territoriales, surtout les plus petites, se sont trouvées rapidement en difficulté devant la charge, humaine et budgétaire, d'une mission à laquelle elles ne s'attendaient pas.
L'étendue des missions des personnels municipaux, la précarisation des emplois extérieurs lorsqu'ils sont accessibles et la sollicitation des bénévoles sans formation à l'encadrement, caractérisent ces temps d'activités dont l'intérêt est pour le moins discutable. D'autant que toutes ces activités sont aisément accessibles, pour qui le souhaite, hors lien scolaire.

…OU UN NOUVEAU TEMPS DILAPIDÉ ?
Que font les enfants pendant les activités périscolaires ? Comme les emplois du temps, les ateliers proposés dans le cadre de ces fameux TAP sont très divers et se résument parfois à" des parties encadrées de jeux de société".
Cette dispersion du temps apparaît également comme un véritable gaspillage d'énergie.
Ainsi, des enseignants et des parents, de plus en plus nombreux, pointent régulièrement la fatigue des enfants et surtout la confusion entre temps scolaire et périscolaire.

"Pour évacuer leurs problèmes, qu'ils soient familiaux ou scolaires …" si l'intention pouvait être entendue (et encore !!) l'efficacité reste contestable.
  
 ET PENDANT CE TEMPS LÀ…
Le niveau général des élèves continue à s'effondrer. La nécessité de rééquilibrage du temps pour des chimères a sanctionné gravement l'essentiel. Le nombre d'heures de Français par semaine est passé de dix heures en 1979 à… six heures en 2017 pour les CM2. Comment s'étonner alors de la difficile maîtrise de la langue nationale par les nouvelles générations.
Le constat est fait qu'il en est ainsi pour toutes les matières principales.
Le temps disponible, comme les capacités individuelles des élèves n'étant pas illimités, la dégradation était prévisible.

INSTRUIRE…
Tout au long de l'Histoire, ce sont les grands plans "d'Instruction Publique" qui ont été les déterminants de l'évolution des peuples. En 1792, par exemple, Condorcet propose un projet proclamant "le droit de chacun à l'instruction, comme fondement même de la république".


...OU ÉDUQUER ?
Quel est le rôle réel de l'école ?
Si l'école doit instruire, c’est-à-dire transmettre des connaissances, la famille, elle, doit éduquer.
Et de c'est delà que vient le malaise : la famille n'assure plus sa mission !
Cette mission est pourtant essentielle. De plus (comme s'il en fallait encore) les parents mettent en doute la crédibilité des enseignants face à l'arrogance de leur progéniture. Ainsi, au lieu de pouvoir trouver des solutions conjointement, apparaissent de plus en plus de conflits parents-enseignants.
Il est triste de constater que certains parents règlent la déchéance de leur mission en allant reprocher aux enseignants de se mêler de ce qui ne les regardait pas : l'éducation de leurs enfants.

Il n'en demeure pas moins que les rôles ne sont en rien inversés. D'ailleurs peuvent-ils l'être ?
C'est dans la famille que naît l'enfant. C'est dans ce contexte qu'il acquiert les règles fondamentales qui lui permettront de savoir vivre avec les autres.
Si cette phase déterminante est ratée, ce n'est pas l'école qui en rattrapera le manque. Au contraire, elle en sera gravement pénalisée par ce qu'auront à supporter les enseignants. S'ajoutera à la situation la perte de temps et d'énergie qu'ils ne pourront pas consacrer à leur mission fondamentale : celle d'instruire.

QUI, SI CE N'EST PAS L'ÉCOLE ?
Puis vient naturellement la question fatale : "qui d’autre que l’École est en mesure d’éduquer si la famille échoue ?". 
Aussi regrettable que cela puisse paraître, la valeur d’un enseignant se mesure aujourd'hui davantage dans sa qualité d’éducateur que dans sa qualité de sachant.
Nous mettons l'accent ici sur l'un des grands échecs de notre société.




ET L'ÉTAT DANS TOUT ÇA ?

La décision, en 1932, du gouvernement d'Édouard Herriot de rebaptiser le ministère de "l'Instruction Publique" en ministère de "l'Éducation Nationale" n'a pas été sans effet sur la mainmise de l'État sur les esprits de sa population.

Si instruire est une mission qui lui incombe, éduquer est une prérogative qui, en lui permettant d'entrer dans le domaine sacré de la famille, lui donne le droit de peser sur les consciences des citoyens en construction.


L'État ne se mêle-t-il pas ainsi de ce qui ne le regarde pas ?

On peut donc légitimement se demander si les objectifs réels des décisions prises par les ministères successifs sont destinés à permettre la meilleure construction individuelle des citoyens de demain… ou à asseoir une abrutissante idéologie politique détachée de toute autre intention.
Nous sommes dans une phase de notre histoire ou beaucoup de réformes s'avèrent nécessaires. Les fantasmes (c'est le moins que l'on puisse dire) des gouvernements successif ont été fatals à l'école. Nous en faisons aujourd'hui le constat douloureux.

Le souhait d'un profond changement ne s'est-il pas exprimé lors du "grand chambardement" opéré lors de l'élection présidentielle ?
Le moment ne serait-il pas alors venu de rétablir l'ordre normal des choses en nommant le frelaté Ministère de l’Éducation Nationale 

du nom de sa véritable mission : Ministère de l'Instruction Publique !


2 commentaires:

  1. L'école a aussi un rôle fondamental qu'elle ne remplit plus qu'à la marge : développer l'esprit critique de nos enfants. Au contraire, certaines pratiques vont à l'encontre de ce rôle. Un exemple tout récent : l'école où est inscrite ma fille de 10 ans vient d'enrôler tous les enfants ce mercredi 13 septembre, pour "célébrer" la victoire (sic) de Paris en tant que ville organisatrice des JO de 2024. Il eût été beaucoup plus sensé de leur enseigner qui était Coubertin : un réactionnaire, un antisémite, un sexiste, un grand admirateur d'Hitler (n'a t-il pas soutenu la candidature des JO de Berlin en 1936?), un raciste soutenant que les noirs sont inférieurs aux blancs, un colonialiste, un homme pour qui le sport devait préparer les jeunes hommes à la guerre (telles ont été conçues les valeurs olympiques à la fin du XIXème siècle). Pas plus d'approche critique sur les valeurs actuelles des JO : corruption, triche, dopage, argent indécent, impôts supplémentaires, caméras de vidéosurveillance en plus grand nombre, dilapidation de l'argent public, horreur écologique. Aucun JO moderne n'a, à l'exception de Los Angeles en 1984, été bénéficiaire pour la ville organisatrice. Du pain et des jeux, c'est ce que semble défendre l'école en soutenant et en s'associant à un mouvement de propagande. Esprit critique, vous avez dit? Reste alors aux parents à jouer leur rôle. (Stéphane Flandrin)

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  2. Le drame, Stéphane, est que ni tous les parents, ni l'Ecole, ne semblent en mesure d'ouvrir le sens critique, indispensable à tout citoyen ou simplement à tout individu. Alors, entre les griffes de quels prédateurs jetons-nous nos gamins ?

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